Publisher's Synopsis
Extrait: Françoise ment Il y a de certains moments où le mensonge devient une chose sacrée et dérobe à la vérité son éclat, son rayonnement, sa force irrésistible de persuasion. On ne voit point d'ombre alors sur la figure qui ment, ni de trouble dans le regard. Et cependant Françoise ne sait pas mentir. Elle n'a jamais menti. Voilà pourquoi elle ment si bien quand elle ment pour la première fois, soutenue par cette idée terrible que si elle ment mal, elle va déterminer une catastrophe. Laquelle exactement ? Elle l'ignore !... Elle ne comprend rien à ce qui se passe, si ce n'est que la police poursuit son mari, que son mari se cache de la police, et d'elle, Françoise !... Et qu'il a partie liée avec cette espèce de monstre blessé dont il lui semble entendre le souffle au-dessous d'elle. Il y a longtemps que vous êtes dans cette pièce, madame ? demanda l'inspecteur... - Mais, monsieur, depuis au moins deux heures... Vous m'effrayez, s'écria-t-elle. Êtes-vous sûr que des malfaiteurs ?... Il va falloir fouiller toute la maison ! Ne me quittez pas, monsieur !... Elle s'est redressée sur sa chaise longue: elle est subitement haletante. Son mensonge s'aggrave ! Et elle dit instinctivement tout ce qu'il faut dire pour que cet homme parte et cherche ailleurs ! Elle lui dit de rester près d'elle ! Il est déjà parti !... Elle le suit ! Elle l'accompagne !... Françoise est née instantanément à l'intrigue. Elle en connaît tous les détours. Une attitude trop calme devant une irruption policière aussi inattendue aurait été des plus maladroites, et Françoise s'est émue tout juste ce qu'il fallait. Non seulement elle a convaincu de son ignorance l'inspecteur, mais encore cette sorte de monstre qui se cache sous sa chaise longue, et son mari, derrière le rideau ! Tous deux pensent qu'elle les sauve sans qu'elle s'en doute !