Publisher's Synopsis
Extrait: ...prononcer le grand mot de patrie qui n'avait alors aucun sens! nous montrer un bon jeune homme qui s'indigne au nom de l'Allemagne, comme apres Sedan! Quand donc les auteurs dramatiques comprendront-ils le profond ridicule de ce patriotisme a faux, de cette sottise historique dans laquelle ils s'entetent? Et cela n'est guere honnete, je l'ai deja dit, car je ne puis voir la qu'une facon commode de voler les applaudissements du public. Mais ces choses ne sont rien encore, le pis est que M. Paul Delair fait des vers deplorables. Il est certainement un poete plus mediocre que M. Lomon et M. Deroulede, ce qui m'a stupefie. On, ne saurait s'imaginer les incorrections grammaticales, les tournures baroques, les cacophonies abominables qui emplissent le drame. Les termes impropres y tombent comme une grele, au milieu de rencontres de mots, d'expressions qui tournent au burlesque. A notre epoque ou la science du vers est poussee si loin, ou le premier parnassien venu fabrique des vers superbes de facture et retentissants de belles rimes, on reste consterne d'entendre rouler pendant quatre heures un pareil flot de vers rocailleux et mal rimes. Si M. Paul Delair croit etre un poete parce qu'il a abuse la dedans des lions et des etoiles, du soleil et des fleurs, il se trompe etrangement. Au theatre, on ne remplace pas l'humanite absente par des images. Les tirades glacent l'action, et je signale comme exemple la scene de Garin et d'Aischa devant la chambre nuptiale, la grande scene, celle qui devait tout emporter, et qui a paru mortellement froide et ennuyeuse. Comment voulez-vous qu'on s'interesse a ces poupees qui ne disent pas ce qu'elles devraient dire et qui enguirlandent ce qu'elles disent de divagations poetiques absolument folles? J'avoue que ce lyrisme a froid me rend malade. En somme, il faut avoir le vers puissant de Victor Hugo pour se permettre un drame de cette extravagance. Je ne pretends pas que Ruy Blas et..."