Publisher's Synopsis
Ce livre est composé à partir d'un mémoire de maitrise réalisé à l'UQAM sur l'oeuvre écrite de Taos Amouche, et d'une conférence sur Jean El Mouhoub Amrouche délivrée à l'UDEM. Le mémoire, intitulé " CHAOS IDENTITAIRE ET POÉTIQUE DES LIEUX IDENTITAIRES DANS MOISSON D'EXIL DE TAOS AMROUCHE" porte sur l'identité et sa construction, chaotique, chez les personnages de Taos Amrouche (1913-1976) dans sa trilogie Moisson d'exil qui comprend Jacinthe noire (JN, 1947), Rue des Tambourins (RT, 1960) et Solitude ma mère (SM, 1995). Notre travail s'efforce de comprendre l'origine des crises identitaires récurrentes et leurs conséquences sur la vie des protagonistes des trois volets. Les personnages ont, pour la plupart, réellement existé et correspondent aux membres de la famille de l'auteure et à ses amis. Fragmentée, l'identité des narratrices se présente comme un puzzle dont la reconstitution fait apparaitre une forme complexe, celle de Taos Amrouche qui assume sa diversité, la revendique, et lui donne du sens, faisant de la multitude des apports qui s'agitent en elle, tantôt harmonieusement, tantôt se modulant puis interférant pour donner lieu à des motifs sans cesse changeants, une poésie en prose et une composition musicale enchanteresse. Adolescente, la narratrice de RT, Marie-Corail dite Kouka, la fille unique sur laquelle veillent six dragons, ses frères, va rompre le déterminisme identitaire de sa société d'origine pour une construction identitaire dynamique à l'issue imprédictible. Tiraillée entre perpétuer la race et changer de race, elle est confrontée à un véritable dilemme sur l'orientation à donner à sa vie: traditionnelle/kabyle ou moderne/occidentale ? Jeune adulte, Reine, qui narre JN, croit comprendre que cette race bizarre dont elle est si fière, bloque son épanouissement. Femme mûre, Aména prend conscience dans SM de l'existence de frontières infranchissables: malgré tous ses efforts pour se franciser, jamais elle ne sera tout à fait française, et elle ne pourra pas non plus retourner au mode de vie traditionnel kabyle; elle se retrouve coincée entre deux temporalités de sens contraires. Incapable de se détacher complètement du pays perdu, elle restera cette femme hybride en équilibre instable sur deux cultures, prête à basculer à tout moment dans le chaos identitaire.
L'article sur Jean-El Mouhoub Amrouche (JEM Amrouche) s'attache à montrer comment, parti de l'oralité de sa langue maternelle kabyle, le poète, s'est investi dans l'écriture/lecture en langue française, avant de revenir, en tant que critique littéraire, vers l'oralité dans les deux langues.