Publisher's Synopsis
Histoires extraordinaires est un recueil de nouvelles écrites par Edgar Allan Poe, puis traduites et réunies sous ce titre par Charles Baudelaire en 1856. L'ambition d'Edgar Poe était de créer une véritable littérature nationale. En effet, à cette époque, l'influence européenne était prépondérante et la production du vieux continent affluait aux États-Unis dont la littérature - hormis Washington Irving et James Fenimore Cooper - ne brillait guère que par ses histoires d'horreur - l'auteur le plus connu étant alors Charles Brockden Brown - et ses romans sentimentaux. À ce titre, son oeuvre de critique littéraire fut marquée par une véritable exigence de qualité, ainsi que la dénonciation des facilités et des plagiats. Longfellow fut la plus illustre de ses victimes; il ne répondit jamais à ses accusations, encore que ses amis se fissent un plaisir, en réponse, de calomnier Edgar Poe dans les milieux littéraires new-yorkais. Edgar Poe a laissé d'importants écrits théoriques, influencés par August Wilhelm Schlegel et Coleridge, qui permettent de donner sens à son oeuvre. Ses réflexions littéraires renvoient à ses conceptions cosmogoniques. Dans Eureka, il explique que l'univers, à l'origine, était marqué par l'unicité. Il a éclaté par la suite en quelque chose que l'on pourrait rapprocher de la théorie du Big Bang, mais il aspire à retrouver son unité. De même, en littérature, l'unité doit l'emporter sur toute autre considération. D'où la théorie de l'effet unique qu'il développe dans Philosophie de la composition (traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d'un poème): le but de l'art est esthétique, c'est-à-dire l'effet qu'il crée chez le lecteur. Or, cet effet ne peut être maintenu que durant une brève période (le temps nécessaire à la lecture d'un poème lyrique, à l'exécution d'un drame, à l'observation d'un tableau, etc.). Pour lui, si l'épopée a quelque valeur, c'est qu'elle est composée d'une série de petits morceaux, chacun tourné vers un effet unique ou un sentiment, qui élève l'âme . Il associe l'aspect esthétique de l'art à l'idéalité pure, affirmant que l'humeur ou le sentiment créé par une oeuvre d'art élève l'âme et constitue, de ce fait, une expérience spirituelle. Le poème, le conte, le roman ne doit tendre que vers sa réalisation, et toute digression doit être rejetée. De même, le roman à thèse, où l'intrigue est entrecoupée de dissertations sur tel ou tel sujet, est à proscrire. Adversaire du didactisme, Poe soutient, dans ses critiques littéraires, que l'instruction morale ou éthique appartient à un univers différent du monde de la poésie et de l'art, qui devrait seulement se concentrer sur la production d'une belle oeuvre d'art.