Publisher's Synopsis
Les réformes de l'enseignement supérieur et de la recherche se sont accélérées depuis le lancement du Processus de Bologne (1998), un processus intergouvernemental, suivi de la Stratégie de Lisbonne (2000) à dimension supranationale. Des recommandations et instruments ont été mis en oeuvre pour accompagner ces réformes à travers notamment la Méthode Ouverte de Coordination. Des directives ont pu être adoptées comme celles relatives à la certification et à la qualité. Le sens politique de ce programme institutionnel est aujourd'hui assez bien mis en évidence : autonomie des institutions, développement de la compétition marchande, adaptation au marché de l'emploi, augmentation du financement privé, évaluation de la qualité, place de l'expertise dans le processus de décision, etc. Cela aboutit dans l'espace européen à une production de normes dont la légitimité reste ambiguë parce qu'elle relève largement d'un pouvoir technocratique différent de la puissance législative sur laquelle se fondent habituellement les modes traditionnels de représentation politique.Il existe encore peu de travaux en éducation comparée sur la façon dont sont réalisés des emprunts mutuels et des transferts de politiques d'enseignement supérieur entre les organisations internationales et les Etats, voire entre les Etats eux-mêmes, à la différence des études de sciences politiques qui s'intéressent de plus en plus aux processus transnationaux de traduction et de circulation des normes, connaissances, instruments. L'interaction entre les deux champs, celui de l'éducation comparée et celui des sciences politiques de la construction européenne, est au coeur de ce dossier d'Education comparée, rassemblant des auteurs qui explorent les effets du processus de Bologne et un certain nombre de tensions et d'ambivalences dans la mise en oeuvre des politiques d'enseignement supérieur selon les contextes nationaux. Au-delà des effets d'une harmonisation ou d'une production de normes dans l'espace européen et international, l'enjeu est ici de mieux comprendre les mécanismes de pouvoir et les relations entre groupes transnationaux et la façon dont ils contribuent à diminuer l'autonomie des Etats dans la formulation et la mise en oeuvre de leur politique d'enseignement supérieur.