Publisher's Synopsis
Fragments mobiles et colores que ces "Beryls de l'Aube" qui, en kaleidoscope, restituent une vision tout a la fois singuliere et multiple du monde: en effet, si la quete obstinee d'une fusion cosmique hante le Poete ("Triple communion d'air de terre et de feu"), elle sous-tend neanmoins la dislocation prealable de l'organisation de la matiere et, simultanement, l'epuration de tout element pour en degager sa quintessence et proceder ensuite a sa "re-creation" deleste de sa realite temporelle, "l'instant" s'incarne, devient "peau" et, inscrit dans la perspective d'une synthese visionnaire, dessine "le nacre fruite (qui) vaut tous les grains de sable du temps rassembles en un point." Nul doute que les vibrances inconscientes de la plus pure Poesie participent de ce double mouvement qui, a la maniere d'un flux et d'un reflux, submerge, purificatoire, l'anime comme l'inanime, puis riche d'un Essentiel singulier, se desolidarise des rivages d'un ocean multiforme pour reinventer une Atlantide regie par des correspondances a consonances baudelairiennes. Et "La Quete en une goutte d'eau finale vibre sur la lance / et pure soudain tombe a jamais dans un espace sans fond." Stagnation? Non point. Inlassables grouillements sous-jacents: au vrai, la vision prismatique de l'Aube ne cesse de remuer sur la greve de l'obscurite, supposant de la sorte un perpetuel recommencement: "L'astre atteint en ce crepuscule, il songeait a l'image que le Neant fait de Lui. Multiple essor du grand prisme que la Lumiere et le son traversent manifestent et avaient manifeste sept couleurs et douze signes, vingt-deux symboles. La vie en deux sens s'etire: a l'horizon largesse demande et verticalite profondeur exige." Les beryls-astres, beryls-femmes, beryls proteiformes, "arcs-en-ciel des emotions," facteurs de reconciliation des couleurs, temps forts de cette musique initiatique et potentialites de l'ideal de fusion cristallisent l'esperance du Poete: "J'aimerais gemme de l'ame que l'homme a concue dans un siecle de folie, amoureux, que vous touchiez la terre de votre luminosite douce pour reveler l'ideal dans une ultime reconciliation: l'ideal qui manque - dont souffrent les etre dans l'attente du bien, du joyau, de la purete sanctificatrice." Figures de style et sens s'inflechissent et se reflechissent donc tour a tour, engendrant de la sorte une ecriture des plus originales, poetique en meme temps que cryptologique et dont l'approche exige, de la part du lecteur, non point un regard analytique mais l'acceptation initiale de participer visceralement a cette immense vibrance des profondeurs qu'est "Beryls de l'Aube." A se laisser glisser, consentant, complice au demeurant, sur la courbe de ces enivrantes vagues dont le chant d'une extreme beaute l'emmene, au rythme d'une maree tantot montante, tantot descendante, de l'Opacite a la Transparence, sur les secretes greves de l'humaine condition. Il est certain qu'avec cette oeuvre exceptionnelle, Francois V. Tochon recule les frontieres du dicible et, partant, restitue a la Parole poetique son pouvoir d'intensite, celui qui procede tant de la metaphysique que de l'esthetique, en ce sens qu'il desincarne et reincarne inlassablement le Verbe, ouvrant ainsi au lecteur la voie de la Synthese, de la Fusion supreme entre l'Ideal et la Matiere. Des lors, "n'existent ni recepteur ni emetteur mais une communion d'images..." Neanmoins, conscient du caractere infiniment perfectible de l'acte de communication, l'auteur admet implicitement l'inachevement d'une Quete sans cesse a perpetuer, obscure presence d'un Graal obsedant: "Dieu a-t-il cree?." Jalons de la transcendance comme de la Connaissance, les Beryls supposent d'autres Aubes en forme d'interrogations, pages encore vierges que le Poete nous invite a peindre des couleurs de notre propre Ocean interieur..."