Publisher's Synopsis
Une magnifique matinée du mois de mai. Un vent muet. Le silence règne autour de moi. Aucun son irritant. Aucun bruit agressant. Aucune musique rythmée, affolante, stressante ou enjouée. Là-haut, le soleil semble m'observer d'un air inquiet. Pourtant, je me sens bien. Je suis étendu au sol et je contemple le merveilleux spectacle de la nature. L'été approche et l'ambiance de cette journée me le rappelle. Je ferme les yeux un bref instant en imaginant le soleil reflétant ses chauds rayons sur mon visage. Je crois entendre la mer et les vagues roulant sur le sable fin. Tout à coup, une brise effleure délicatement ma peau. Je sens chaque poil de mes jambes et de mes bras se dresser un à un. Un frisson s'amuse à chatouiller chaque parcelle de mon corps. Il ose se balader sans gêne de mon cou jusqu'au bout de mes orteils. Des brins d'herbe se couchent et se lèvent au contact des doigts de ma main gauche. Je pianote le sol de ma main droite à la recherche de cette douce sensation mais le toucher est tout autre. Un liquide épais et gluant s'est réfugié sur mes doigts. Couché sur le dos, je tourne la paume de ma main vers mon visage. Mon poignet suit le mouvement. Je soulève mon coude et avance mon bras. Les yeux à demi clos, j'essaie de distinguer ce qui se dessine sur mon index. La noirceur, envahissant lentement mon environnement m'empêche de savoir vraiment ce qui s'y trouve. J'oblige mon doigt à se rendre vers ma bouche. Je retire nerveusement ma langue vers l'extérieur. Du bout des lèvres, je goûte la substance collée sur ma main droite. C'est étrange ! C'est sucré et amer tout à la fois. Du sang gît tout près de moi mais d'où vient-il ?Soudain, une dame avec une longue chevelure blonde se présente devant moi. Les bras tendus, elle prend mes mains et m'entraîne vers elle. Je suis loin de réaliser que mon coeur vient de battre pour la dernière fois, que les gens que j'ai aimés et côtoyés vont pleurer à tout jamais mon absence; que présentement, je danse une valse avec celle que j'ai le plus redouté de toute ma vie: la mort. Une vive lumière nous enveloppe. Une douce mélodie nous entoure. Je quitte la terre, envoûté par le charme d'une jeune femme, portant une splendide robe parsemée de milles étincelles dorées. Roger Després, 6 mai 1994.