Publisher's Synopsis
Comme dirait Waberi, Djibouti reste un pays inabouti. La France, dans sa grandeur de nation développée, a utilisé ce petit bout de terre comme une garnison. Elle y a fait régner la terreur en usant de sa puissance militaire, mais en s'appuyant aussi sur la sensibilité tribale. Les vestiges de ce morcellement de la société en clan et tribu sont encore là sous nos yeux. Arhiba, Q6, Q5 ou Q3 sont autant d'anomalies sur le corps de la République. Et cette dernière n'a fait aucun effort pour recoudre les plaies, pour souder les rangs et consolider une base saine sur laquelle doit prendre racine l'esprit d'une nation. Les déchirures ont été, au contraire, élargies. Des doigts malveillants se sont engouffrés dans les brèches afin de creuser les sillons qui jalonnent la conscience de la société djiboutienne.
Doucement, et le temps aidant, un système de gouvernance parallèle s'est instauré dans le pays, celui du mabraze. L'urgence était pour chaque clan d'avoir, ou d'ouvrir son propre coin à brouter pour ne pas être en reste de l'incurie administrative qui s'abat sur le pays. C'est là que l'on négocie, autour d'une botte de khat offerte par le Parti. Combien de députés pour la famille, combien de portefeuilles ministériels...
À Djibouti, il n'y a plus de morale, il n'y a plus de coutume. C'est un trompe-l'oeil. C'est bien évidemment le règne des mabrazes qui pérennise pour le règne du régiment.