Publisher's Synopsis
Si dans un petit état de la Grèce, un homme se proposait d'écrire l'histoire de sa patrie, l'entreprise, quoique laborieuse, avait des limites qui la définissaient clairement et promettaient une exécution simple, sans épuiser trop de temps et trop de forces. La cité de l'écrivain possédant une plate reconnue et distincte dans l'économie de la confédération hellénique, il n'avait à s'inquiéter que de conter l'histoire publique de cette cité, les évènements heureux ou funestes, déposés dans la mémoire des vieillards, les guerres et les factions: il était facilement artiste. Au contraire, le plus petit des états modernes a une histoire infinie qui s'est compliquée tant par les rapports domestiques que par les rapports universels avec l'humanité même, et l'historien, au milieu de ce concours d'éléments divers, devient et reste difficilement artiste. En relisant Tacite, à l'occasion de l'excellent et nouveau travail de M. Burnouf, dont nous allons parler tout à l'heure avec quelques détails, nous avons été frappé combien cet homme vient se placer avec une admirable force entre l'histoire antique et l'histoire moderne, participe de toutes deux, posant sa statue et ses oeuvres entre deux mondes, et semblant vouloir donner le temps aux modernes, aux Italiens et aux Gaulois, à Machiavel et à Montesquieu, d'arriver...