Publisher's Synopsis
Un meurtre dont le mort n'a pas conscience de son etat, dans le milieu de l'art contemporain parisien, avec pour enqueteur un journaliste independant a la derive, ancien inspecteur du Quai des Orfevres. Les themes principaux sont l'art au sens conceptuel et evenementiel, la performance artistique, et l'addiction. En effet, les morceaux du corps sont mis en scene et retrouves un a un. Certains organes deviennent la base chimique d'une nouvelle drogue dont la principale propriete est de permettre a l'enqueteur de dialoguer avec la victime et d'acceder a sa memoire. L'effet indesirable en est l'addiction instantanee du sujet. Extrait: Ma tete. Que m'arrive-t-il ? Je n'y vois rien. J'ai si chaud. Et cette odeur bizarre qui semble s'impregner partout autour de moi, en moi, ces aromates qui me rappellent l'Asie, l'Indonesie pour etre precis. Ces voyages me manquent. Que s'est-il passe ? Il fait si noir. Et cette affreuse migraine. Enfin, c'est plus diffus et entetant qu'une migraine normale. Suis-je vraiment la ou est-ce un mauvais reve qui va bientot se terminer ? Et cette chaleur si moite, j'en sue litteralement, j'etouffe. Je devrais me pincer, mais je sens mes membres et ne les ressens pas. Difficile a expliquer, a comprendre. En tout cas, je ne les controle plus, ils ne repondent plus a mes commandements. Et ces aromates, ce bruit lancinant de bouillonnement. J'etouffe. J'aimerais crier, me reveiller. Rien ne sort de mes cordes vocales et pourtant, je m'entends parfaitement dans ma tete. Je ne dois pas paniquer. Concentre-toi. J'entends des bruits, des voix familieres, feutrees, si lointaines, assourdies et cet echo que je reconnais, comme si j'etais dans sa cuisine, mais l'obscurite est totale. Je voudrais me gratter l'oreille, eponger mon front qui n'en finit pas de degouliner dans mes yeux. Ils me brulent. Je n'y parviens pas. Mais pourquoi ? Rassemble tes souvenirs recents. J'ai besoin de comprendre, reconstituer le film de cette soiree, ce qui m'a amene la. D'ailleurs, je ne sais meme pas ou je suis et cette obscurite m'angoisse. Concentre-toi ! Oublie cette migraine insupportable. Comme si tout mon cerveau enflait et se retractait sur mon crane. Je n'arrive meme pas a localiser precisement cette douleur. Elle enserre toute ma tete. Je dois me concentrer. Ou etais-je la derniere fois que j'ai ete conscient ? A cette fete, chez elle. Qui, elle ? Calme-toi. Elle, Ciara, la brune irlandaise, ma chere et tendre. Ma tete. Et ces echos, ce sont les memes que ceux de sa cuisine toute bleue. Concentre-toi. La fete. Je les entends rire dans cette cuisine si familiere. Rire n'est pas le mot, mais les echanges sont endiables. Ils ne sont pas en train de s'engueuler. La musique de leurs mots assourdis est rythmee, survoltee meme. Ouvre les yeux ! Peine perdue. C'est toujours aussi noir. Meme pas sombre, noir. Alors la fete, chez elle. Aurais-je pris quelque chose ? Ils savent bien que je ne joue pas avec ces substances. Elle m'avait bien parle de pilules, de rails de coke, mais c'est leur truc a eux. A moins qu'ils m'en aient donne a mon insu. C'etait une de ces fetes qu'ils organisent chez elle presque tous les mois. De toute facon, c'est toujours chez elle. C'est le QG du groupe. Oh ma tete. Mon dieu, mais donnez-moi une aspirine ou quelque chose pour faire passer cette migraine affreuse ! Personne ne m'entend. Evidemment. Et il fait si chaud la-dedans. J'ai soif et sue comme jamais. Ca pue ! Peut-etre suis-je a l'hopital. Pas possible. Si c'etait le cas, j'entendrais d'autres sons, d'autres voix. Et cette odeur d'aromates, comme dans un bouillon. Oui, c'est cela, un bouillon qui mijote pendant des heures. Il faut vraiment que j'arrete de delirer, que je reprenne pied, que je me reveille au fond de son lit, sous sa couette trop chaude. C'est ca, je dois etre sous sa couette et j'ai trop chaud. Ce n'est pas logique."