Publisher's Synopsis
Extrait première partie
Lorsque je vis Victor Hugo pour la première fois,
à Bruxelles, à la fin de l'empire, je n'avais pas vingt
ans. Je m'étais forgé une impression d'après les récits
que j'avais entendus. Ne m'avait-on pas représenté
Victor Hugo comme une sorte de pontife qui rendait
des oracles, qui, en vers comme en prose, construisait
la cité idéale, la cité de l'amour et de la réconciliation
entre les hommes?
On m'avait dit: « C'est un sublime rêveur qui vous
entraînera dans les régions supérieures. » Je fus un
peu troublé, mais je me résignai bien vite, en pensant
que mon intelligence insuffisamment cultivée devait
subir la cruelle nécessité de ne pouvoir atteindre à ces
cimes inaccessibles.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je l'entendis
raconter, avec une simplicité qui me déconcerta un peu,
ses aventures de voyage dans un langage vivant,
coloré, amusant, pittoresque.
J'avais pensé tout aussitôt qu'il s'était mis à ma hau-
teur, qui n'était pas très grande.
Quelques années plus tard, jeune étudiant, je revis
Victor Hugo à Paris; d'abord pendant la guerre de
1870, ensuite dans son petit hôtel de l'avenue d'Eylau.
Il me semblait plus distant, plus solennel, sans doute
parce qu'il n'était plus dans le cadre plus intime de son